La fatigue me guette du coin de l’œil avec insistance et tente de m’asséner un coup violent pour me signifier que je dois aller dormir, que je ne peux pas la repousser indéfiniment et nier son existence sous prétexte que j’ai envie d’écrire.
La fatigue me surveille, elle m’observe pour me convaincre d'écouter mon corps et j’ai voulu l’entendre. Mais je crois bien que ma volonté d’écrire, que dis-je ? Mon besoin de poser tous ces mots que j’ai en tête sur le papier, semble plus fort, plus tenace et plus intense.
Pourtant, la fatigue a gagné une fois contre moi aujourd’hui. En début de soirée, elle m’a frappé alors même que je m’apprêtais à composer sur mon ordinateur : « Lauryn crois-tu vraiment être en état de formuler quelque chose de cohérent ? » Alors je me suis assoupie, la tête contre la vitre du car.
Je l’ai entendue me parler et pour une fois, je lui ai répondu qu’elle avait raison.
Mais ce soir, la fatigue me colle d’encore plus près, elle est téméraire, elle ne veut pas me lâcher. Comme si je lui devais quelque chose, un répit, un repos, peut-être même l’abandon de ce que je suis en train de faire pour le remettre à plus tard.
La fatigue me parle et je fais la sourde oreille, au lieu de la prendre en considération, je la mets de côté me disant que de toute façon, elle finira par passer. Après tout, le train n’est jamais très loin de la gare. Et au pire, si je rate celui-ci, il y en aura forcément d’autres plus tard, ce n’est pas comme s’il ne passait qu’un seul et unique train par jour à la station sommeil.
Alors je suis fatiguée, exténuée même, pourtant, me voilà encore debout parmi vous, parmi les Humains de ce monde, il est bientôt 00 h et je ne dors toujours pas.
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